Ukraine / Donbass : censure, crimes et répression « proeuropéenne »

barbelés-Ukraine-Donbass-300x136Les élections locales en Ukraine sont fixées au 25 octobre. Aussi, les autorités de la République populaire de Donetsk (RPD) et de Lugansk (RPL) ont pris la décision d’organiser elles aussi des élections, respectivement le 18 octobre et le 1er novembre. Réaction immédiate du régime de Kiev : le 16 septembre environ 400 personnalités, dont plusieurs journalistes occidentaux, se sont vues interdire de territoire. La liberté n’a pas bonne presse en Ukraine béhachélisée qui se prépare à la fois à des exercices communs avec l’Alliance atlantique tout en maintenant une injustifiable pression militaire sur les populations martyres du Donbass. Il s’agit, in fine, d’entretenir pour le pouvoir kiévien une agitation destinée à camoufler, tant bien que mal, l’effondrement progressif d’un régime criminogène des plus exécrables.

imgLes petits règlements de comptes entre amis d’hier ou alliés d’un jour sont quotidiens dans l’Ukraine «proeuropéenne». Dernièrement, la Verkhovna Rada, pourtant à majorité extrémiste, a retiré l’immunité parlementaire du célébrissime Ihor Mosiychuk (photo), ce qui a entraîné son arrestation immédiate pour une obscure affaire de pot de vin. Le pachydermique n°2 de la formation néonazie des Patriotes ukrainiens, élu grâce à Oleg Lyachko, a bien entendu hurlé son innocence, affirmant être victime d’un complot… Est-ce le début de l’élimination d’une partie des acteurs les plus extrémistes du Maïdan qui ne serviraient plus après usage ? Les semaines à venir nous le diront.

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Fanion des « nationalistes » ukrainiens à Odessa : croix celtique et « Nachtigall » (« Rossignol »), en référence au bataillon « ukrainien » de l’Abwehr (service de renseignement de la Wehrmacht) composé de Galiciens engagés dans l’opération Barbarossa à l’été 1941 puis dans la Shoah par balles.

Au début du mois, l’extrême droite néobandériste et néonazie s’agitait, menaçait même le pouvoir central et affrontait très violemment les forces de l’ordre à Kiev et à Odessa, faisant plusieurs morts. Si aucun putsch annoncé n’est venu renverser le pouvoir oligarco-dictatorial de Porochenko, en revanche la tension, surtout à Odessa, n’est pas retombée. Ainsi, le 13 septembre, une manifestation « nationaliste » en plein centre de la ville portuaire exigeait la libération des assassins présumés d’Oles Bouzina, historien et journaliste ukrainien sauvagement assassiné devant sa maison à Kiev le 16 avril dernier, ainsi que la libération de Vita Zaverukha, la petite déjantée néonazie complice présumée de l’assassinat de policiers ukrainiens lors d’un braquage qui a mal tourné, un cas clinique largement popularisée en France par le magazine Elle.

Le crime érigé comme une vertu nationale et librement glorifié en pleine rue, voilà ce que sont réellement les « valeurs » de l’Ukraine post-Maïdan.

La liberté en Ukraine béhachélisée…

La police politique du régime, le SBU (assujetti à l’antenne de la CIA à Kiev), a interdit à l’ancien président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, de se rendre en Ukraine pendant trois ans, précisant sans rire que cette décision avait été prise pour des raisons de «sûreté nationale».

Le potentat de Kiev, Petro Porochenko, a signé un décret interdisant le territoire ukrainien à plus de 900 personnes. Désormais, de nombreux journalistes se retrouvent interdits de travailler dans le pays et même d’y être présents, dont trois employés de la BBC (ils auraient été depuis retirés de la liste noire) et au moins un du journal allemand Die Zeit. Depuis le début de la guerre en Ukraine, les journalistes russes sont régulièrement arrêtés ou expulsés par le gouvernement ukrainien, et là des journalistes occidentaux sont également interdits de territoire. C’est le cas de deux correspondants du bureau de Moscou de la BBC, Steve Rosenberg et Emma Wells. Tous deux ont réalisé des reportages à de nombreuses reprises en Ukraine. Un cameraman de la BBC, Anton Chicherov, est également visé par les sanctions. Plus étonnant encore, on trouve parmi les journalistes visés les Espagnols Angel Sastre et Antonio Pampliega, disparus en Syrie depuis le mois de juillet.

Classé 129e sur 180 au classement de la liberté de la presse 2015 de Reporters sans frontières, l’Ukraine « proeuropéenne » a créé un ministère de l’Information en 2014 dans le but de verrouiller l’information et de placer la presse sous carcan. Résultat : depuis le début de l’année 2015, deux journalistes ont été tués en Ukraine, six en 2014. Pour Amnesty International, l’interdiction visant les journalistes étrangers établit un « dangereux précédent ». Mais le fait que des journalistes russes et russophones puissent être tout simplement abattus en pleine rue, l’organisation dit « non gouvernementale » semble assez peu s’en soucier…

Dans la partie occupée du Donbass par les forces de Kiev, 1.212 personnes, dont 454 soldats, 561 opposants politiques et 197 civils, sont détenus illégalement dans les geôles du régime ukrainien. Uniquement pour la semaine du 12 au 18 septembre, pas moins de 18 personnes ont été enlevées alors qu’elles n’ont strictement aucun rapport avec le conflit. En outre, 399 personnes sont toujours portées disparues. Il s’agit, pour le régime « proeuropéen » de mettre de côté une réserve d’otages qui seront, le moment venu, échangés contre des prisonniers de guerre détenues en Nouvelle Russie.

Et pour conclure cette partie sur l’Ukraine asservie et béhachélisée, un mémorial dédié aux juifs assassinés par les troupes hitlériennes et par leurs collaborateurs ukrainiens (201. Schuma-Bat. issu des unités « Roland » et « Nachtigall », dont l’extrême droite néobandériste et néonazie se revendique) lors des massacres de Babi Yar, dans le cadre de la Shoah par balles, a été incendié pour la sixième fois de l’année.

A n’en pas douter, la démocratie avance en Ukraine « proeuropéenne » !

La guerre au quotidien et la « Ligne Poro »

Reportage de la télévision russophone du Donbass sur le volontaire français Erwan Castel, engagé au sein d’une unité de reconnaissante motorisée des forces de la République populaire de Donetsk

La routine semble s’être imposée depuis plusieurs semaines sur la ligne de front du Donbass. Les violations du cessez-le-feu par les forces de Kiev sont récurrentes et quotidiennes, parfois les FAN sont même obligées de mener des frappes de contre batterie pour faire cesser ces tirs qui visent pour l’essentiel des zones résidentielles.

On note quelques accrochages le long de la ligne de contact, mais aucune opération véritablement significative n’a été signalée depuis des semaines. La ligne de front est même considérée comme « calme » la plupart du temps. Mais, malgré la tranquillité apparente de la ligne de contact, le renseignement des forces de Nouvelle Russie a enregistré une activité accrue des troupes ukrainiennes qui tentent d’identifier les emplacements des unités républicaines.

Un nouveau convoi humanitaire russe est arrivé dans le Donbass hier. Petit à petit, la population se prépare à affronter un deuxième hiver de guerre.

Kiev a annoncé le renforcement de ses lignes de défense, en dépit de la trêve. Andriy Lysenko, porte-parole de l’opération répressive de la junte, a affirmé que les forces ukrainiennes allaient de développer de nouvelles structures de protection. Il faut donc s’attendre à ce que de nouvelles unités arrivent très prochainement dans la zone des combats.

Dans le secteur de Mariupol, notamment, les forces ukrainiennes ont mis en place une série de lignes de défense, à défaut de pouvoir aligner suffisamment d’unités de qualité face aux FAN. La hantise d’un second Debaltsevo semble préoccuper le commandement ukrainien qui a amplifié ces dernières semaines la mise en place d’obstacles, de points de résistance fortifiés, de pièges à chars.

1442492565_4C’est surtout vers Mariupol que la « Ligne Poro » a véritablement pris forme. A défaut de pouvoir occuper tout le Donbass, le pouvoir kiévien aura au moins eu l’occasion de mettre sa griffe à la longue histoire de la fortification à travers les siècles. Reste à savoir si tout cela sera à la hauteur des réalisations colossales de l’organisation du célèbre ingénieur allemand Fritz Todt lors de la Seconde Guerre mondiale. Quoi qu’il en soit, dans les années à venir, les amateurs de bunkerarchéologie vont pouvoir s’occuper dans la région…

43535461-aug13-2015-in-kiev-ukraine-lesnoye-forest-cemetery-graves-of-ukrainan-army-and-nationalist-formationEn dépit d’une accalmie relative, l’armée ukrainienne continue de subir des pertes mais cette fois-ci elles ne sont pas d’ordre militaire. Le procureur général militaire ukrainien Anatoli Matios a constaté que, ces derniers temps, l’armée de Porochenko subissait de plus en plus de pertes non-militaires. La trêve instaurée, les effectifs ne cessent de diminuer principalement à cause de l’alcoolisme, des suicides, des mines et des accidents de la route.

Le nombre de pertes non directement liés aux opérations militaires dans l’armée ukrainienne peut représenter jusqu’à 50% du total des morts, a constaté Alexandre Bakulin, commandant du 41e bataillon d’infanterie mécanisée de la 72e brigade. Néanmoins, c’est l’alcool qui représente le principal fléau chez les Ukrainiens. Le plus souvent, les militaires de Kiev en état d’ivresse tirent sur leurs camarades ou causent des accidents de la route entraînant la mort. Les suicides figurent également sur la liste des raisons provoquant des pertes non-militaires.

Manœuvres atlantistes

Porochenko a annoncé, dans une interview télévisée le 13 septembre, une « démobilisation massive » en Ukraine. Faut-il le croire ? Assurément non ! Il s’agit d’une manœuvre de diversion destinée aux médias crédules. Car, en catimini, Kiev met en place des mesures destinées à renforcée sont dispositif dans le Donbass, parallèlement aux efforts déployés par l’Alliance atlantique pour se renforcer en Europe centrale contre la Russie.

En effet, afin d’assurer aux unités de l’OTAN un déploiement « dans la région orientale de façon rapide et se préparer à des opérations successives », six nouveaux quartiers généraux ont été activés en Lituanie, en Estonie, en Lettonie, en Pologne, en Roumanie et en Bulgarie. En Allemagne, en Italie, en Bulgarie et en Roumanie, l’exercice « Swift Response », le plus grand exercice de forces aérotransportées de l’OTAN depuis la fin de la Guerre froide, est sur le point de s’achever, commence en République Tchèque l’opération de coordination aérienne « Ample Strike », un exercice comparable à ce que fut « Allied Force » contre la Serbie-Yougoslavie au printemps 1999.

image_thumbnailCe déploiement de forces sera testé et renforcé par l’exercice « Trident Juncture 2015 » du 3 octobre au 6 novembre, regroupant des unités terrestres et navales, avec plus de 180 avions de 16 pays et 3 partenaires, dont des avions Awacs de contrôle aérien.

L’Ukraine joue un rôle d’avant-garde dans ce dispositif otanien face à la Russie. L’OTAN y entraîne et y encadre déjà une grande partie des forces militaires et paramilitaires (dont de nombreuses unités auxiliaires composées de néonazis). La participation de Kiev à « Trident Juncture 2015 » a donc un sens bien particulier.

Les pays membres de l’OTAN, avec la complicité de Kiev, sous la houlette des États-Unis, sont en passe de transformer de nouveau une partie importante du continent européen en un premier échelon s’inscrivant dans une politique agressive de confrontation militaire non moins dangereuse que celui qui avait court durant la Guerre froide.

Et c’est dans cette ambiance fraiche et joyeuse que la junte attend avec impatience la visite du secrétaire général de l’OTAN…

Source : http://www.nationspresse.info/mondialisme/atlantisme/ukraine-donbass-censure-crimes-et-repression-proeuropeenne

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Catégories :Donetsk, Kiev, Lougansk, Odessa, Ukraine

1 réponse

  1. Apparemment la grande Tribulation donc nous parle souvent les témoins de Jéhovah est à nos portes, ça commence vraiment à sentir mauvais, on dirait bien que tout ce petit monde se prépare à une grande bataille, et peut être la dernière. Quel gâchis, tant d’argent et d’énergie perdus à rien …

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